Au mois de novembre, vous pourrez découvrir pour la première fois en Israël, la pièce de Pnina Gary, jouée en français par Estelle Grynszpan, ”Une histoire d’amour israélienne”.
Tout comme son auteur, cette pièce est touchante, émouvante et riche en enseignements sur l’histoire de notre pays. Elle rencontre encore un grand succès en Israël où elle a été jouée plus de 600 fois mais aussi à l’étranger avec ses versions en anglais et en français. L’histoire est celle de Pnina et d’Eli Ben Zvi qui n’est autre que le fils d’Itshak Ben-Zvi, deuxième président de l’Etat d’Israël. Elle se déroule entre les années 1942 et 1948. En cette année du 70e anniversaire de notre Etat, elle nous semble encore plus forte dans son témoignage précieux sur ces années qui ont précédé l’indépendance.
LPH vous emmène à la rencontre de Pnina Gary, qui du haut de ses 90 ans, qu’elle ne fait pas, parvient à nous transporter dans son histoire qui devient un peu la nôtre.
Le P’tit Hebdo: ”Une histoire d’amour israélienne” n’est autre qu’une partie de votre vie. Comment décide-t-on d’écrire sur soi et au-delà de porter son histoire sur scène?
Pnina Gary: Je suis dans le théâtre depuis 59 ans. J’ai touché à presque tous les métiers que ce domaine peut offrir. Mon histoire, je l’ai écrite, il y a longtemps, mais je la gardais au fond d’un tiroir. Vous avez raison, ce n’est pas simple de décider de porter sur scène sa propre vie. Je n’osais pas, c’est une démarche qui ne va pas de soi. Puis j’ai décidé de la faire lire par quelques professionnels. La pièce que j’ai écrite met en scène une comédienne unique qui joue 12 personnages. On m’a dit d’écrire plusieurs rôles, je n’ai pas voulu. C’est ainsi que je ressentais que je devais raconter mon histoire. Finalement, personne n’a voulu de mon projet.
Il faut savoir que quand je décide d’entreprendre ce processus, j’ai déjà 80 ans. Alors je me suis dit qu’après tout, je n’avais besoin de personne. J’ai fait le tour des représentations de fin d’année des écoles d’art dramatique et j’ai trouvé ma comédienne: Adi Bielsky. Je lui ai proposé la pièce, elle a accepté. Pendant 8 mois, elle venait tous les jours chez moi travailler. C’est ainsi qu’a pris vie le texte que j’avais écrit des années auparavant.
Lph: Comment avez-vous finalement réussi à la présenter sur scène?
P.G.: Je n’avais pas de producteur, pas d’argent. On m’a proposé une salle dans une école pour présenter la pièce devant des directeurs de petits théâtres. Peu se sont déplacés. Néanmoins, une personne présente m’a téléphoné le lendemain: elle était intéressée par la pièce. Elle a pris la production de la pièce et nous avons commencé à jouer à Guivatayim. Puis nous avons invité les journalistes et là, les critiques ont été élogieuses! Le bouche à oreille a ensuite fait son travail, nous n’avons quasiment pas eu besoin de faire de publicité pour remplir les salles. Chaque représentation se fait à guichet fermé.
Lph: Le succès a même dépassé les frontières israéliennes.
P.G.: J’ai fait traduire la pièce en anglais. Nous avons joué au Canada, à Washington, à Londres pendant plusieurs semaines. La pièce a même été jusqu’en Chine!
Lph: Et comment est-elle arrivée en France avec Estelle Grynszpan comme comédienne?
P.G.: Lors d’une représentation aux Etats-Unis commandée par l’Agence Juive pour les jeunes, Ruth, une française est venue me voir après la pièce. Elle m’a expliqué que la France abritait une grande communauté juive et que cette pièce, sioniste, devait être traduite en français. Elle m’a même dit qu’elle avait la comédienne idéale. J’ai été partante à condition que l’on me garantisse une excellente traduction. Puis Estelle est venue en Israël, je voulais l’auditionner pour voir si elle correspondait vraiment au rôle. Elle m’a beaucoup surprise, j’ai voulu que la version française de mon histoire, que je mettrai en scène moi-même, soit interprétée par cette comédienne. Elle est venue pendant une semaine entière chez moi pour travailler. Elle a continué en France, en se basant sur la version en hébreu. Puis je suis allée en France pour finaliser avec elle. Je suis restée pour deux représentations et je suis repartie en Israël.
Au début, la pièce se jouait dans le théâtre Darius Milhaud à Paris. Un jour Estelle m’a demandé si on pouvait retirer le mot ”israélienne” du titre, parce qu’elle avait peur d’être la cible de terroristes. J’ai bien évidemment accepté, mais cette menace a continué à planer, si bien que les représentations hors des cercles communautaires sont devenues difficiles. J’ai maintenant hâte de la voir jouer en Israël! Je tiens d’ailleurs à être présente aux différentes représentations!
Lph: Alors que vous allez sur vos 90 ans, vous ne vous arrêtez pas là! Un livre puis un film, racontez-nous.
P.G.: Une éditrice qui avait vu la pièce m’a encouragée à écrire un livre. Pour moi, c’était totalement nouveau comme exercice. Ce n’est pas du tout comme écrire une pièce! D’ailleurs, j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois sous les directives de mon éditrice. Ainsi, le livre s’attarde plus sur la description de l’époque, du contexte, des personnages et j’y ai ajouté une partie absente de la pièce, dans laquelle j’évoque comment j’ai vécu les années qui ont suivi la mort d’Eli.
Puis j’ai voulu qu’il y ait un film. Comme j’aimais beaucoup le travail de Dan Wolman, je l’ai sollicité. Il est venu voir la pièce et a accepté. Le film est sorti au mois de juin dernier.
Alors que la pièce se concentre davantage sur les sentiments, le film met l’accent sur la période historique, les spécificités du kibboutz.
Lph: Comment expliquez-vous ce succès?
P.G.: Le travail d’origine que j’ai fait avec Adi a permis d’adapter totalement la pièce à ce qu’elle devait être. Le décor épuré, une comédienne unique pour jouer 12 personnages sans aucun signe distinctif, cette simplicité apporte beaucoup, je crois, donne de la force. Les comédiennes, aussi bien Adi qu’Estelle, sont très charismatiques et authentiques. C’est, je pense, ce qui séduit le public.
Représentations:
Mar 21/11 à Tel Aviv, Théâtre Habima, Salle Blanche Rapaport
Mer 22/11 à Jérusalem, Cinémathèque
Jeu 23/11 à Netanya, Salle Arik Einstein, Ir Yamim (Rés: 054-4980998)
Réservations: 02-6788720
Propos recueillis par Avraham Azoulay
Trouve t’on le livre en Israel ?
Bonne chance
j’ai vu la piece à Netanya j’ai été enthousiasmée par le texte qui nous fait revivre l’histoire des pionniers en israel les événements qui ont précédé à sa création et cela à travers une histoire d’amour tragique . le parti pris de faire jouer tous les personnages par une seule comedienne reforce l’intensité du récit et ici l’interprétation est remarquable car la commedienne arrive à nous faire vivre ces moments mais j’aimerai bien trouver le livre a t-il été publié en france michelle